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Nous nous tirons une balle dans le pied à réduire l’IoT à Sigfox et LoRa en France !

Publication: Août 2016

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Par Isabelle JARNIOU, Directeur Général Eurotech France...
 

Allons-nous réussir à enfin voir "l’IoT Big Picture" ou allons-nous continuer à voir l’IoT par le petit trou de la lorgnette ? La France peut être fière de sa magnifique licorne Sigfox, qui, il est vrai, a remué la pulpe d’un monde qui en avait besoin ... et de la technologie Lora, mise au point par Cylcéo près de Grenoble. Ces deux technologies radio nées dans nos belles provinces répondent à une des problématiques de l’IoT (le besoin en autonomie des objets connectés) mais ne FONT pas l’IoT.

Depuis plus d’un an maintenant, en France, on parle davantage de la guerre entre ces deux technologies, de la course au déploiement de leurs réseaux que des cas réellement adressés : on se trompe de sujet ! Pour les acteurs globaux de l’IoT, la technologie de communication reste un "détail", une possibilité de la chaîne de valeur globale. J’insiste sur le terme de "détail" car il ne faut pas croire que toutes les applications IoT intégreront ces types de technologie de communication Low Power. En effet, habituée du monde industriel et du monde du transport, lorsque l’on parle équipement électronique (IoT ou non), la problématique de l’autonomie est rarement la première que l’on m’expose, c’est plutôt celle de la pérennité et de l’évolutivité de la solution qui prime. S’il est vrai que les besoins en solutions IoT Low Power explosent à cause du marché « consumer » B2C, l’amalgame entre IoT et solutions autonomes est une erreur que je constate quotidiennement. Dans les applications IIoT (Industrial internet of things) c’est essentiellement des réseaux de communication clients qu’il faut pouvoir se passer...

plus que de celui de l’énergie. Aujourd’hui la bataille de « Marques » Sigfox/LoRa semble davantage relever d’un phénomène de mode que d’une analyse objective de leurs offres, de leurs atouts et faiblesses et des problématiques qu’elles adressent. L’omniprésence média de ces deux courants technologiques ne doit pas occulter une vérité cinglante : quel que soit l’avenir de ces deux technologies (et de celles à venir… ) l’IoT est une réalité qui ne dépend aucunement du succès d’un standard plutôt qu’un autre… l’IoT est un concept de business, le challenge est économique bien avant d’être technologique ! Il ne devrait donc pas y avoir de camp à choisir entre Sigfox, Lora, 2/3/4/5G, LTE, NB-IoT... il faudra choisir la mieux adaptée à chaque cas, au même titre qu’on choisit un processeur, un capteur, une taille de RAM, un boîtier, un transporteur logistique... ce sont les contraintes qui doivent définir les choix, et non le choix d’une technologie qui doit rajouter des contraintes !

De quelles contraintes parle-t-on ? car d’elles on ne parle jamais dans les communiqués, on se garde bien d’être explicite sur le sujet. Alors que l’argument principal est strictement basé sur les performances énergétiques des technologies LPWA (Low Power Wide Area), il n’y a pas de secret, la consommation est directement proportionnelle au service. C’est pourquoi, hormis toute considération technique comparative entre l’Ultra Narrow Band et l’étalement de spectre… il faut être conscient qu’utiliser Sigfox ou LoRa, c’est devoir respecter la contrainte de taux d’occupation de la bande ISM 868MHz, limitée à 1%, imposée par la règlementation européenne. En d’autres termes, tout objet ne peut communiquer plus de 1% du temps, c’est-à-dire 36 secondes toutes les heures seulement… Chez Sigfox, cela se traduit par la possibilité de n’envoyer que 140 messages de 12 octets maximum par jour (et 32 octets maximum par jour en réception). Très suffisant lorsque le modèle économique repose sur l’agrégation de données éparses, venant de capteurs ou d’installations génératrices de peu de données, et peu «  intelligentes », c’est-à-dire n’ayant pas de besoin de mises à jour logicielles à distance.

LoRa est plus souple, offrant la possibilité d’ajuster les paramètres d’émission / réception (spreading factor & bandwith) pour atteindre le meilleur compromis distance / débit. On peut espérer atteindre 250 bps (physical bit rate – portée maximale) à 11 kbps (physical bit rate
- portée minimale) selon le standard LoRaWAN mais en se devant de respecter le taux maximal d’occupation de la bande, soit toujours le 1% en émission (objet vers antenne) et jusqu’à 10% maximum en réception (antenne vers objet, bande 869.400 - 869.650 MHz selon l’ERC 70- 03). Si cette souplesse a un impact sur la consommation, elle est largement moins restrictive en termes d’échanges de données et de bidirectionnalité. Les mises à jour logicielles restent dans le domaine du possible et pour certaines applications c’est un must have.

On comprendra donc facilement qu’avant de penser à Sigfox, LoRa ou même l’alternative 3GPP (GSM/GPRS, 2/3/4G…LTE), l’urgence est dans l’étude, l’analyse, la simulation ou même la réalisation d’un vrai pilote. Ce afin de quantifier les datas, les fréquences d’émission, les besoins éventuels en réception, le besoin en autonomie et les impacts des différents autres facteurs en terme de consommation. A cela il faut rajouter les conséquences de la prise en compte de toutes les contraintes liées à ces technologies Long Range Low Power sur l’évolutivité de la solution ou même son déploiement géographique (surtout lorsqu’il dépasse les frontières).

On pourra compléter par la création d’une matrice des risques selon la technologie sélectionnée (verrouillage technologique, dépendance opérateur, existence de concurrence, santé financière à long terme des acteurs, études des modèles économiques …), c’est un arbitrage parfois cornélien qui attend les décideurs, mais c’est bien connu :« choisir c’est renoncer ». N’oublions pas tout simplement que dans le monde de l’IoT (on le répète assez), la valeur réside dans la data et les services qu’elle permet de générer, le reste n’étant que le « moyen de » !

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