En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies pour vous proposer des contenus et services adaptés à vos centres d'intérêts. En savoir plus et gérer ces paramètres. OK X
 
 

 

 

Dossiers

L’aide à la conception, sujet abordé par le MIDEST

Publication: Octobre 2008

Partagez sur
 
Après l’introduction du sujet par Daniel COUE et la présentation de son activité par chaque intervenant, les débats ont tourné autour de trois grandes questions :
 

1- Les nouveaux outils Pour Philippe PONCET, les outils actuels savent tout faire. Le problème n’est donc pas tant de les améliorer que de bien les utiliser : il faut avant tout savoir ce que l’on veut faire et ce que l’on peut faire avec. Patricia LEXCELLENT, Déléguée Générale de la Fédération de la Plasturgie, présente dans le public, abonde dans son sens. Elle considère également que les outils ont fait beaucoup de progrès. Pour elle, la difficulté essentielle consiste désormais à inciter les entreprises en général, et leurs dirigeants en particulier, à les utiliser dès le début du projet et non plus, comme cela se produit trop souvent, à des fins de contrôle. Pour encourager cette démarche, la Fédération a mis en place une formation aux outils d’aide à la conception dès le BTS.

Jean-Marc SCHISSLER, Secrétaire des Fondeurs de France, également présent dans l’assistance, souligne que de nombreux systèmes préventifs ont déjà été mis en place dans la fonderie, en particulier ces dix dernières années, les outils d’aide à la conception étant intégrés de plus en plus tôt dans la phase de développement. Il insiste sur le rôle prépondérant des sous-traitants dans ce domaine : en effet, bien que la plupart des donneurs d’ordres envoient des études réalisées par leurs soins aux fournisseurs, les fondeurs retravaillent systématiquement les plans fournis, ne serait-ce que pour les adapter à leur outil de production. Ainsi, les très nombreux types d’alliages mis en oeuvre, la grande variété des process (moulage sable, moulage coquille, moulage sous pression, fonderie de précision à modèle perdu, centrifugation, squeeze-casting, moulage par dépression, moulage basse pression, lostfoam…) et les spécificités techniques des lignes de production utilisées ont un impact direct sur les pièces à réaliser, et obligent donc le fondeur à « repenser » les plans. On y retrouve son savoir-faire. Devant le nombre, la diversité et la complexité des paramètres à prendre en compte, les outils de CAO se sont spécialisés selon les process, tout en pouvant s’adapter aux spécificités techniques des fonderies. Les bureaux d’études des fonderies se sont dotés de logiciels plus performants, mais aussi plus pointus et plus nombreux... et cela a un coût. 2- Le coût et le recrutement A titre indicatif, Richard DUCLOUX estime le coût du logiciel Forge 2007, développé par Transvalor et comptant 300 clients dans le monde et une soixantaine en France, à 20 000 euros par an environ. Un investissement important, certes, mais rentable à terme pour le soustraitant. Sébastien JACQUAND souligne que l’aide à la conception a un coût matériel mais aussi humain. Toujours à titre indicatif, le développement par MIHB d’un aérateur de 5 ou 6 pièces se situe globalement entre 8 et 15 000 euros (coût pour les heures de conception 3D-2D uniquement. L’écart de coût entre 8 et 15 k€ se justifie suivant la complexité des pièces à réaliser). En termes humains, au niveau du siège qui regroupe environ 200 personnes, 4 sont employées au bureau d’études : une pour la géométrie, une pour l’automatisation, une pour l’outillage et une pour les matériaux. Des experts sont également présents dans chacun des autres sites du groupe.

Stéphane ABED estime que chez POLY-SHAPE, 30 à 40 % du budget est consacré au développement technologique et il insiste sur les compétences élevées requises chez ses collaborateurs. Philippe PONCET souligne qu’au CETIM, chaque membre de l’équipe qu’il anime a généralement une vingtaine d’années d’expérience derrière lui. Le coût total de la prestation est donc important, mais si la finalité de l’étude a été bien pensée, le commanditaire réalisera des économies réelles au global sur le développement de son produit. Michel MARCEAU constate que de nombreux adhérents de JESSICA CAP’TRONIC ont des problèmes de recrutement pour pourvoir les postes d’aide à la conception. Aussi s’efforce-t-il de faire collaborer des entreprises dotées de compétences complémentaires.

Ainsi, si tous les participants s’accordent sur le fait que l’aide à la conception a un coût à la fois humain et matériel, ils soulignent également la difficulté de vendre cette compétence pourtant indispensable aux donneurs d’ordres car ces derniers cherchent à tirer les prix vers le bas. Pour illustrer cette difficulté qu’ont les commanditaires à réaliser que la matière grise a un coût, Sébastien JACQUAND explique que MIHB emporte généralement 10 % des appels d’offres traditionnels alors que ce chiffre atteint 80 % lorsque la consultation contient déjà la mention d’un problème particulier de conception à résoudre. Très réputée technologiquement, MIHB travaille en étroite collaboration avec ses propres sous-traitants moulistes et des sociétés de prototypage rapide. Pour Jean-Marc SCHISSLER, les fondeurs connaissent le même problème car seuls certains de leurs clients reconnaissent l’importance de l’aide à la conception. Les outils de CAO étant plus nombreux et plus spécialisés, les coûts correspondants sont de plus en plus élevés et il faut y ajouter ceux des logiciels d’assistance à la production (attaques de coulées, remplissage, masselottage, refroidissement...) et de contrôle... Dès lors, la principale difficulté réside dans la non-prise en compte financière par le client du travail de co-conception effectué par le fondeur. En effet, comment ce dernier peut-il amortir son travail de développement si son client ne lui confie pas finalement la production en série de la pièce ? Pour éviter ce risque, les Fondeurs de France conseillent à la profession de séparer la partie «  conception/développement » de la partie « vie-série » et de la contractualiser. Même constat du côté de Patricia LEXCELLENT pour la plasturgie, surtout lorsque les séries concernées sont petites. Elle ajoute également que la récente loi LME qui ramène les délais de paiement à 60 jours est insuffisante et continue de pénaliser les industriels qui, s’ils étaient payés plus tôt, pourraient réinjecter plus efficacement cet argent dans l’aide à la conception. La Fédération milite donc pour un passage à 30 jours. L’enjeu est pourtant primordial pour les sous-traitants comme pour les donneurs d’ordres. En effet, en réponse à une question d’un journaliste, Sébastien JACQUAND reconnaît qu’au fur et à mesure du développement de ses compétences, MIHB pourrait récupérer des clients dans des secteurs dont il s’occupait par le passé, comme les cosmétiques et les loisirs (sport et autre) par exemple. Ainsi, c’est parce qu’il a su et pu s’appuyer sur une vraie politique d’aide à la conception que cet industriel a réussi à développer et diversifier le panel de ses clients. Mais encore faut-il effectivement en avoir les moyens financiers.

3- La propriété intellectuelle En introduction à la question, Daniel COUE souligne que lorsqu’un sous-traitant participe à la conception au côté de son donneur d’ordres, une partie de la propriété intellectuelle,et par conséquent de la responsabilité juridique du produit, lui revient de droit. Le sous-traitant peut choisir d’y renoncer, notamment en raison de la responsabilité juridique inhérente, mais aussi de la revendiquer. Sébastien JACQUAND répond que la politique de MIHB, si les produits développés sont réellement innovants, est de nouer un contrat de co-développement avec le donneur d’ordres, dans l’optique de récupérer la production en série. Si cela ne se fait pas, il peut plus facilement répercuter les coûts d’aide à la conception sur son client. Dans le domaine d’activité de Stéphane ABED, la question se pose au niveau de la fabrication rapide. La politique de POLY-SHAPE est de contractualiser systématiquement la question de la matière grise. Philippe PONCET, dans le cadre de l’activité de conseils du CETIM, a déjà été mêlé à plusieurs conflits et conseille donc aux sous-traitants de contractualiser le plus tôt possible ces aspects.

Chez TRANSVALOR, selon Richard DUCLOUX, les choses sont claires : le logiciel n’appartient qu’à l’Ecole des Mines et à aucun des autres partenaires qui ont aidé à le développer. Néanmoins, il reconnaît que cette position tranchée n’est possible que parce que l’Ecole des Mines est en position de force, ce qui est loin d’être le cas de tous les sous-traitants, notamment s’il s’agit de PME…

Michel MARCEAU résume bien le sentiment général des participants : il faut, dans la mesure du possible, refuser la copropriété et contractualiser les choses le plus tôt possible.

Suivez Electronique Mag sur le Web

 

Newsletter

Inscrivez-vous a la newsletter d'Electronique Mag pour recevoir, régulièrement, des nouvelles du site par courrier électronique.

Email: