En quelques mois, la situation s’est dégradée pour les entreprises françaises sur le plan logistique. La dernière étude de reichelt elektronik dédiée aux problématiques de la chaîne d’approvisionnement en France confirme cette rapide détérioration. Si en juin 2021, près de 58 % des personnes interrogées étaient encore optimistes quant à une amélioration dans les douze prochains mois, selon l’étude 2022 seules 48 % sont encore confiantes dans l’avenir.
82 % des personnes interrogées déclarent que les goulets d’étranglement en matière d’approvisionnement ont eu un fort impact sur leur entreprise au cours de l’année écoulée, incluant des arrêts complets de production. Si les entreprises françaises ont constaté une légère amélioration des arrêts de production, 32 jours contre 35 en moyenne en juin 2021, ces dernières comptent néanmoins repenser leur stratégie du « juste-à-temps ». Alors que ce principe était encore répandu par le passé, pour réduire les stocks au minimum, celui-ci semble à présent dépassé en cas de problèmes de livraison.
Pour échapper à ce dilemme, les entreprises maintiennent une stratégie d’augmentation des stocks : 46 % des personnes interrogées confirment poursuivre cette stratégie, dans la continuité de juin 2021 (43 %). Toutefois, la situation tendue du marché et la volatilité des chaînes d’approvisionnement posent problème aux entreprises pour obtenir des stocks dans l’ensemble, 87 % d’entre elles ont du mal à accumuler du stock pour certains composants ou matériaux.
La pénurie de ressources était déjà un problème en juin 2021 (35 %), mais la situation s’est aggravée en quelques mois : 51% la considèrent aujourd’hui comme un risque important pour leur propre entreprise. La plus grande inquiétude des entreprises françaises est l’augmentation du prix de l’énergie (56 %), suivi par l’augmentation du prix des composants les plus nécessaires en raison de l’instabilité des chaînes d’approvisionnement (55 %). L’inflation (51 %) représente un point de tension pour les entreprises, qui craignent également des goulots d’étranglement dans l’approvisionnement de composants critiques tels que la microélectronique (49 %). La pénurie de travailleurs qualifiés, autrefois très présente, se maintient à 46 %, mais n’est plus la principale préoccupation des organisations.
Pour contrer ces problématiques, 36 % des entreprises déclarent fabriquer à nouveau elles-mêmes certains produits achetés précédemment, et 35 % envisagent de recommencer à produire certains produits localement. Près d’un tiers (29 %) déclarent en revanche n’avoir encore défini aucun projet à ce stade.
Avec toutes ces alternatives innovantes, la question reste de savoir si les changements se poursuivront après la pandémie. 53 % pensent que les entreprises reviendront au juste-à-temps une fois la crise passée du moins pour la plupart des composants, et 29 % pensent que cela s’appliquera pour l’ensemble des composants. Cependant, 15 % affirment que le juste-à-temps appartient au passé. La question qui se pose est de déterminer si ces changements sont permanents ou s’ils ne représentent qu’un remède temporaire pour combler la vulnérabilité des entreprises, dépendantes de leur chaîne d’approvisionnement.