L’augmentation du prix de l’énergie est vue comme une menace de premier plan (45%) et 44% craignent la hausse généralisée des prix due à l’inflation
Les industriels français restent éprouvés par 3 années de perturbation sur la chaine d’approvisionnement, mais 76 % estiment que la mise en place d’un système fiable a permis de surmonter ces difficultés.
Les industriels français misent sur l’augmentation des stocks, le recours à des fournisseurs locaux et sur le retour du Juste-à-temps.
Déjà mis à mal par une chaine d’approvisionnement perturbée par la crise covid, les industriels français sont désormais confrontés à une crise géopolitique et inflationniste d’ampleur. L’espoir d’une amélioration s’étiole d’année en année : aujourd’hui, plus de la moitié (56 %) des décideurs industriels pensent que la situation s’améliorera à l’avenir. C’est 10 points de moins qu’en 2021 selon une nouvelle étude sur la chaîne d’approvisionnement réalisé par OnePoll pour le compte de reichelt elektronik qui, pour la troisième année consécutive, a interrogé 250 décideurs français de divers secteurs industriels.
67 % des industries françaises reconnaissent que leur entreprise a subi des pertes économiques importantes au cours des trois dernières années. Les changements dans les paysages géopolitique et inflationniste redistribuent les cartes et surtout bouleversent les inquiétudes à court terme. L’augmentation du prix de l’énergie est vue comme une menace de premier plan pour 45% d’entre eux, de la même manière 44% craignent la hausse généralisée des prix due à l’inflation. Curieusement, seuls 13% considèrent la récession comme une menace de premier ordre. La guerre entre l’Ukraine et la Russie a également un impact majeur sur le commerce mondial pour 56 % des répondants.
Petite note d’espoir, les industriels estiment que ces pertes ont été compensées par la mise en place d’un système fiable pour surmonter les difficultés de la chaîne d’approvisionnement (76 %).
Avec des stocks de matières premières qui s’épuisent et des livraisons retardées ou qui échouent, la production dans le secteur industriel français connait une détérioration par rapport aux années précédentes : alors qu’il y avait en moyenne 32 jours d’arrêt de production en 2021 et même 25 jours en 2022, les entreprises n’ont pas pu produire pendant 44 jours en 2023 – et l’année n’est pas encore terminé.
Pour autant, 76 % estiment avoir mis en place un système fiable pour surmonter les goulets d’étranglement de l’approvisionnement cette année. En priorité, il s’agit toujours en majorité de l’augmentation des stocks : un peu plus de la moitié des entreprises interrogées poursuivent cette stratégie et 31 % prévoient d’augmenter encore leurs stocks de composants spécifiques et critiques au cours des douze prochains mois. En 2021, 43 % des entreprises ont adopté cette stratégie, contre 46 % en 2022. Cette stratégie concerne plus particulièrement les secteurs l’ingénierie, des fabricants informatiques et de l’automobile, où près de la moitié des entreprises ont recours ou planifié cette mesure.
Le concept du juste-à-temps fait également son retour depuis ces douze derniers mois avec près de la moitié des personnes interrogées qui y sont revenues. Néanmoins, ils continuent à stocker les composants les plus importants dans leurs entrepôts. L’électronique et la quincaillerie, ainsi que l’industrie textile, le secteur des transports et de l’expédition et l’aérospatiale comptent tout particulièrement sur cette combinaison.
Malgré la volatilité persistante de la chaîne d’approvisionnement, l’achat de composants et de matériaux s’est considérablement amélioré au cours des deux dernières années, puisque seules 36 % des entreprises rencontrent encore des difficultés. Au début de l’année 2022, plus de 87 % des entreprises déclaraient encore avoir été confrontées à ce problème l’année précédente.
L’augmentation des prix des composants critiques est particulièrement redoutée : en 2022, 55 % des entreprises y étaient confrontées, contre 78 % aujourd’hui. La crainte de la pénurie de travailleurs qualifiés (60 %) est à nouveau plus présente, tandis que celle des pénuries d’approvisionnement en composants critiques tels que la microélectronique a diminué (65 %).
Le rapport sur la chaîne d’approvisionnement met en évidence une nouvelle stratégie : une grande partie des entreprises (93 %) considèrent la diversification des fournisseurs comme une stratégie de base. L’industrie française privilégie également l’onshoring, c’est-à-dire le recours à des fournisseurs locaux (89 %) et à des fournisseurs à moindre coût (80 %). Ces stratégies d’indépendance vis-à-vis des fournisseurs individuels, ainsi que les événements de politique mondiale et commerciale, visent à garantir la sécurité de l’approvisionnement en ressources et en composants.
Enfin, le désir d’indépendance est omniprésent en 2023 : la majorité des entreprises (86 %) espère un plus grand soutien officiel de la part des politiques pour les projets de recherche nationaux tels que la production de semi-conducteurs ou d’autres composants essentiels afin de rester compétitif et de devenir plus autosuffisant. En 2022, seules 45 % des entreprises y étaient favorables, et en 2021, elles n’étaient que 31 %. 75 % souhaitent une plus grande spécialisation dans de nouvelles branches technologiques à l’avenir, car ils y voient de meilleures possibilités d’accroître leur leadership technologique, par exemple dans le domaine de la technologie quantique (66 %).