Nous traversons une période dangereuse pour l’industrie des circuits imprimés et, par extension, pour toute l’électronique en Europe. Si nous ne sommes pas capables de maintenir une production minimale et de rester compétitifs technologiquement, les conflits géopolitiques pourraient entraîner des conséquences désastreuses.
Certains gouvernements et fabricants pensent que produire uniquement des semiconducteurs suffit à préserver une industrie électronique. Or, ces composants sont intégrés sur des PCB. Sans circuits imprimés, il devient impossible de fabriquer des équipements électroniques indispensables dans des secteurs comme l’aéronautique, la défense, la santé, ou encore les télécommunications.
D’autres pays envisagent déjà des droits de douane pour soutenir leur industrie. Pendant ce temps, en Europe, nous risquons de perdre une partie clé de notre production en continuant à acheter massivement hors d’Europe pour des économies à court terme.
Les grands groupes industriels dans les domaines de l’aéronautique, du militaire, du spatial, de la santé, des transports doivent investir immédiatement dans l’industrie du PCB. Les gouvernements et le Parlement européen doivent aussi soutenir cette initiative. Cet investissement, bien que modeste comparé à d’autres efforts est stratégique.
Actuellement, la production française représente à peine 3 % des PCB utilisés dans le pays. Si nous n’atteignons pas au moins 10 % d’ici trois ans, nous courons un réel danger. Ayant consacré ma vie à cette industrie, je parle en connaissance de cause. Je crains qu’il ne soit trop tard si nous continuons à ignorer ce problème.
Il est impératif de commencer ce changement dans les six prochains mois pour éviter que des conflits internationaux ne bloquent notre industrie faute de PCB disponibles. Avec un investissement rapide, nous pourrions devenir compétitifs dans ce domaine en constante évolution et innovation.
Les circuits imprimés progressent rapidement avec des innovations dans des domaines tels que :
Flex PCB : réduction des tailles, flexibilité, applications médicales.
Connexions : fibres optiques, câblage, connecteurs.
Améliorations techniques : gestion thermique, résistance à l’humidité, contrôle d’impédance, réduction de poids, intégrité des signaux.
Maintenir une production de 10 % en France permettrait aux grands groupes d’envoyer leurs ingénieurs chez les fabricants locaux pour codévelopper des produits fiables et sécurisés tout en évitant le risque de copie et en intégrant des informations sensibles.
Aujourd’hui, la fabrication française de PCB représente environ 130 millions d’euros. En investissant 200 millions d’euros en France et 3 milliards en Europe, nous pourrions réveiller l’industrie électronique et compléter nos efforts pour les semiconducteurs.
Prêts financiers.
Garantir des commandes sur plusieurs années.
Acheter des machines et les amortir sur cinq ans.
Aider à financer les infrastructures.
Créer des liens via leurs ingénieurs et fonds de R&D.
Faciliter les garanties bancaires.
Le gouvernement devrait encourager ces initiatives. Si l’on agit très rapidement sur l’industrie des circuits imprimés, dans trois ans les grands groupes qui auront investi seront très satisfaits de leurs décisions prises maintenant.
Ils auront des sécurités d’approvisionnement, des coûts maîtrisés, des délais plus courts et un esprit d’innovation qui rejaillira sur toute l’industrie.