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Dossiers

Entretien avec Joseph PUZO,

ELECTRONIQUE MAG N171

Publication: 20 octobre

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Président d’AXON’ CABLE...
 

L’entreprise AXON’, de 1980 à nos jours. AXON’ est une « multinationale de poche implanté en zone rurale ». Pour notre type d’entreprise, les italiens ont l’expression « multinazionale tascabile », signifiant « multinationale qui peut être mise dans une poche ». En outre notre siège social, AXON’ CABLE, qui compte près de 800 salariés, se trouve à Montmirail dans la Marne, une petite ville de 3 000 habitants en zone rurale à 100 km à l’est de Paris.

L’entreprise a été créée à Montmirail en 1965, en tant que filiale d’un petit groupe familial suédois appelé HABIA, pour fabriquer des câbles électroniques miniatures isolés en Téflon, plastique résistant à plus de 200°C, permettant au câble de résister à des environnements exigeants. Fin 1980 alors, que l’entreprise de Montmirail était devenue une PME de 100 salariés, Joseph PUZO est embauché pour la diriger. Dès son arrivée, commence la crise économique 1981-1984, particulièrement sévère dans le secteur du câble électronique. Les années 70 avaient été euphoriques grâce aux téléphones fixes à installer dans toutes les maisons et avaient généré plus de 200 PME fabriquant de câbles en PVC et 3 seulement en Téflon. La fin de ce grand marché déclenche une hyper-concurrence. Les prix chutent, les faillites de câbliers sont nombreuses.

En 1 an, 30 PME se mettent à faire des câbles en Téflon, avec le support technique gratuit de DUPONT DE NEMOURS, seul fabricant de Téflon à l’époque. Pour échapper à cette concurrence mortifère, M. PUZO décide dès 1981 de monter en technologie. Son l’objectif est de tenter de copier le meilleur câble coaxial hyperfréquence du monde, celui de l’américain W. L. GORE, dont le diélectrique était en GORETEX breveté. Ce coaxial en Téflon Expansé, c’est-à-dire poreux, pouvait monter jusqu’à 150 GigaHerz, quand les produits concurrents ne montaient gère au-delà de 3 GHz. M. PUZO crée un service R&D et monte une collaboration avec les chercheurs en chimie du fluor de l’Université de Montpellier. Un an plus tard, en 1982, l’équipe AXON’ met au point et brevète un câble coaxial en Téflon PTFE poreux, sous le nom de marque Celloflon®, équivalent au GORETEX, mais produit par un procédé différent.

A partir de 1983, ce service R&D commence aussi à développer des connecteurs miniatures. Cela permettra de vendre aux clients une fonction de liaison complète : un cordon comportant le câble et ses deux connecteurs. En 1983, M. PUZO veut réaliser un Système de Gestion Intégrée informatique de sa PME. Il sait ne pas pouvoir y arriver avec un ordinateur IBM360, du fait de son expérience précédente chez IBM. Il monte une équipe informatique et développe son SMI (en anglais un ERP : Enterprise Resources Planning) en utilisant un réseau de récents mini-ordinateurs de l’américain DATAPOINT. C’est le 1 er ERP en Europe MATRA INFORMATIQUE, qui vient de prendre la représentation de DATAPOINT en Europe, amène tous ses clients voire cet ERP, cette première européenne. Courant 1984 la maison mère suédoise HABIA est acquise à un fonds d’investissement suédois Beijerinvest, qui lui-même est peu après acquis par VOLVO. Fin 1984 la France vote une loi R.E.S. (Rachat de l’Entreprise par ses Salariés), qui est une adaptation de la loi anglo-saxonne des LMBO (Leverage Management Buy-Out). M. PUZO fait une proposition à VOLVO de rachat de sa PME, qui est acceptée en juin 1985, ce qui en fait le plus vieux LMBO vivant français. Mais VOLVO impose de changer le nom de sa PME, puisqu’il n’achète pas sa maison-mère HABIA en Suède.

M. PUZO choisit le nom AXON’, terminé par une apostrophe pour inciter les francophones à prononcer à l’anglaise du fait du « e » final manquant. Un axone en français, un « axon » en anglais, est le filament prolongeant la cellule nerveuse. Un axone ressemble à un câble miniature. En outre la lettre « a » d’AXON’ place l’entreprise en tête des listes alphabétiques devant la plupart des câbliers mondiaux.

En 1989 AXON’ atteint 200 salariés. M. PUZO décide de commencer à exporter et crée une filiale AXON’ CABLE Inc à Chicago, car il estime le marché USA 10 fois la taille du marché français pour les câbles électroniques. La Chicago-Mackinac race, la plus grande course de bateaux à voile en eau douce, avec plus de 300 concurrents, part chaque année du port de Chicago pour atteindre l’île de Mackinac, 550 km au nord. En 1989 la course doit partir le 14 juillet, date du bicentenaire de la Révolution française.

Le français BENETEAU veut vendre ses voiliers aux USA. La maison de champagne Nicolas Feuillate, proche de Montmirail, veut trouver un distributeur aux USA. M. PUZO voit une opportunité de faire connaître sa jeune filiale. AXON’ organise des conférences de presse avec dégustation de champagne avant départ de la course. Et contre tous les pronostics des journaux, c’est BENETEAU qui gagne la Mackinac race de 1989 et le champagne Nicolas Feuillate trouve un distributeur parmi les participants aux conférences de presse. En 2025, AXON’ compte 2 500 salariés, répartis dans 20 filiales, des USA à la Chine. Elle réalise plus de 200M€ de chiffre d’affaires, dont 70% à l’export et 10% consacré à la R&D. Le capital appartient à la famille PUZO. Le Groupe AXON’ est donc une ETI patrimoniale française. Il faut rappeler que le mot ETI (Entreprise de Taille Intermédiaire), représentant les entreprises comptant entre 250 à 5 000 salariés, est une expression due à Yvon GATTAZ, le fondateur de RADIALL et ancien président du CNPF. Le terme ETI est l’aboutissement de la promotion qu’il fit pour faire reconnaitre l’importance pour l’économie française de « La moyenne entreprise », titre de son livre publié chez Fayard en 2002.

Joseph PUZO, un chef d’entreprise visionnaire

Joseph PUZO est aujourd’hui président du Groupe AXON’. Il a un diplôme d’ingénieur en électronique de l’INSA de Lyon. Sa première expérience démarre en 1970 comme ingénieur technico-commercial chez IBM à Paris pour installer les gros ordinateurs IBM360 chez les Banquiers parisiens. A l’époque IBM comptait près de 500 000 salariés dans le monde et avait conservé l’esprit du fondateur Thomas WATSON, bien que mort en 1956. Le mot « THINK » était imprimé dans tous les documents internes, suggérant qu’il faut réfléchir avant d’agir. Et le motto « World peace through world trade » se retrouvait dans toutes les brochures commerciales. Attiré par le management, M. PUZO décide d’obtenir un MBA à l’INSEAD de Fontainebleau. Sa seconde expérience démarre en Suisse en 1977. C’était l’époque de la crise horlogère face aux montres électroniques japonaises.

Son nouvel employeur OMEGA voulait développer une activité dans un secteur de diversification. M. PUZO voit une possibilité dans les tableaux d’affichage, les « flip-flap » tournants, qui donnent l‘heure de départ et d’arrivées des avions et des trains. Il n’y avait qu’un concurrent mondial, un Italien, dont les panneaux étaient électromécaniques et peut automatisés. Il conçoit des panneaux pilotés par ordinateur, son expérience chez IBM lui a servi. Il reçoit de belles commandes de dizaines d’aéroports (Moscou, Téhéran, Tripoli…) et de gares (Lyon- Pardieu, Liverpool, un RER à Paris…). Puis arrive Nicolas George HAYEK, à la tête de la fédération horlogère Suisse, qui décide de copier les Japonais en créant la Swatch, et la crise horlogère suisse s’achève.

Sa troisième expérience est son retour en France en fin d’année 1980 pour diriger la PME HABIA. Il pensait que ce serait facile, puisqu’il avait acheté des centaines de kilomètres de câbles pour équiper des aéroports et des gares en tableaux d’affichage. Mais il n’avait pas prévu que la crise 81-84 allait démarrer.

En 1998, il nomme sa fille Christelle OLIVIÉ, ingénieur de formation, comme Directrice Générale du Groupe AXON’, lui-même conservant le titre de président.

- Alain MILARD : quel regard portez-vous sur l’évolution de l’industrie française depuis 1980, votre début comme dirigeant d’une entreprise industrielle ?

Fin 1980, découvrant la crise qui commençait à secouer l’économie et particulièrement le secteur du câble, j’étais très concentré à maintenir en vie ma PME. Je ne me suis guère intéressé à l’industrie en général.

Certes je me souvenais que de Gaulle, dans les onze années de sa présidence (1958-1969) avait lancé une grande politique industrielle : l’aéronautique, le nucléaire et l’informatique. Et seule sa politique informatique avait échoué à cause de l’omniprésence mondiale d’IBM, ses presque 500 000 salariés et ses ordinateurs universels IBM360. Rien qu’en France, IBM avait un grand centre de recherche et deux usines.

J’avais bien vu que François MITTERRAND, dans sa campagne de 1981 pour être Président, promettait la retraite à 60 ans au lieu de 65 ans et les 35 heures au lieu des 40 heures sans baisse de salaire. Ces deux mesures n’allaient pas aider l’industrie française face à la concurrente internationale. Mais à ce moment-là, il n’était pas certain qu’il remporte la présidence, ni qu’il mette vraiment en œuvre ses deux promesses.

Toutefois on commençait à voir des délocalisations d’usines dans des pays à bas salaires. La conférence en 1990 d’un directeur de Labinal m‘avait beaucoup intéressée. Il expliquait avoir créé une usine de câblage au Maroc, car le salaire n’y était que de 10 francs de l’heure, alors que le SMIC en France était à 60 francs de l’heure. Mais il vendait ses câblages sur la base de 110 francs de l’heure, car il avait des coûts indirects importants : les transports vers la France, l’envoi de techniciens et d’ingénieurs au Maroc pour réparer des machines ou mettre au point les gammes de fabrication de nouveaux produits... Cet exposé de Labinal me donna l’idée de créer en France une usine « sans indirects », en utilisant des codes à barre. Je proposai à SCHNEIDER-France de faire pour eux en France du câblage au prix de 110 francs de l’heure, à condition de m’envoyer des commandes comportant un code à barres. En lisant le code à barre avec un lecteur, il n’y avait plus besoin d’imprimer ou de retaper la commande. Cela me faisait économiser 2 personnes administratives. Et produire en France économisait aussi les longs transports de marchandises et les longs déplacements des techniciens et ingénieurs. SCHNEIDER donna en 1992 sa commande à AXON’. Ce fut une usine « bas coût », mais en France, d’une vingtaine d’opérateurs.

La chute du mur de Berlin dans la nuit du 9 novembre 1989 entraina peu à peu les pays de l’est dans l’espace européen, par exemple la Hongrie signa avec l’Union européenne un accord d’une association en décembre 1991. A partir de là, AXON’ reçut des demandes de ses clients de diviser ses prix de vente par deux en installant une usine dans un ex-pays de l’Est. M. PUZO remarqua que les Russes, en quittant l’Ukraine, avaient abandonné une grande usine fabriquant des satellites à LVIV dans l’ouest de Ukraine, proche de la frontière hongroise et avaient mis 10 000 salariés qualifiés au chômage. Les salaires demandés dans LVIV en 1999 était de 10 Euros par mois. M. PUZO loua une partie du bâtiment, embaucha 15 opératrices pour assembler des cordons pour satellites. Le travail était très bien fait. Mais la corruption était « à tous les étages » : à l’aéroport de KIEV le douanier exigeait 30€ en liquide pour une visite médicale préalable soi-disant obligatoire ; à l’aéroport de LVIV le policier demandait 50€ en liquide pour accepter qu’on mette un bagage de moins de 8 kg dans l’avion ; fréquemment le camion de livraison ne pouvait pas sortir de l’Ukraine, car il manquait un soi-disant tampon dont le coût était de 200€ à payer en liquide bien sûr.

Au bout de 6 mois, M. PUZO pensa que cette corruption ne pouvait qu’empirer et il ferma son atelier bien que les opératrices travaillaient très bien. Il alla faire faire en 2000 la même activité à Daugavpils, la 2 nde ville lettone, dans une grande usine que les Russes avaient aussi abandonnée. Les salaires étaient là de 200€ par mois. Pas une seule fois, il n’y eut de sollicitations de corruption. En 2025 l’usine AXON en Lettonie a près de 700 salariés.

C’est le plus gros investissement français, non seulement en Lettonie, mais dans tous les pays baltes. En fait c’est toute l’industrie occidentale, et pas seulement l’industrie française, qui a été affectée par le courant d’opinion du Fabless : faire la R&D dans un pays au haut salaire, car le développement de nouveaux produits requière de hautes qualifications techniques, mais faire la fabrication dans un pays à bas salaire, car les opérateurs de production requièrent moins de qualifications. Cette idée du FabLess se développa et se répandit dans tout l’occident à partir des années 1990. Et la déclaration en 2001, de Serge Tchuruk, PDG d'Alcatel « Nous souhaitons être très bientôt une entreprise sans usines » n’était qu’une confirmation d’une stratégie de plus en plus largement adoptée.

Le Directeur Général de Bpifrance, M. Nicolas DUFOURCQ, publia en 2022 un livre intitulé « La désindustrialisation de la France 1995-2015 ». Dans cette période de 20 ans, la France perdit près de la moitié de ses usines et le tiers de ses emplois industriels. Pour en comprendre les raisons, et éviter la répétition des erreurs du passé, M. Dufourcq interrogea une cinquantaine d’acteurs économiques qui avaient été en poste durant ces 20 ans. Parmi eux il interrogea Joseph PUZO, auquel il consacra 8 pages de son livre. Dans cette période, l’année 2009 est fameuse pour avoir été celle de la crise mondiale des Subprimes. L’année 2009 fut la seule année de pertes d’AXON’ depuis sa création en 1965. La perte fut néanmoins faible, car de 3%. Durant cette année-là, 60 salariés en production étaient devenus inoccupés.

Plutôt que de licencier comme faisaient tous ses concurrents américains, AXON’ accéléra : les opérateurs furent répartis en groupe de 10 et chaque groupe allait se former dans un atelier différent tous les mois. L’idée était qu’il fallait avoir des opérateurs polyvalents, car en fin de crise les produits commandés ne seraient pas les mêmes quand début de crise. AXON’ accéléra aussi en commercial en exposant dans deux fois plus de salons, alors que les concurrents n’exposaient plus pour faire des économies. La crise des Subprimes s’arrêta mi-mars 2010. AXON’ put redémarrer immédiatement, il avait tout le personnel nécessaire et bien formé. Le profit 2010 dépassa les 10%, effaçant les pertes de 2009. En revanche, les concurrents durent réembaucher et former les nouveaux, et leur redémarrage à plein régime leur prit plusieurs mois.

- Alain MILARD : Quels sont les éléments qui ont marqué l’industrie durant ces 40 dernières années ?

L’événement marquant pour AXON’ a été la crise des télécoms. Le 4 février 2001, NORTEL-France, en grande difficulté financière, arrêta toutes ses commandes à AXON’. NORTEL représentait alors 25% du chiffre d’affaires consolidé du Groupe AXON’ et 150 salariés en CDI travaillaient pour Nortel à Montmirail. Par chance notre activité spatiale était en pleine expansion et nous avons reconverti ces 150 opérateurs à faire du câblage pour satellites. Le profit de l’année 2001 ne fut que de 2%. M. PUZO en a tiré la leçon qu’il ne fallait plus avoir un client représentant plus de 10% du chiffre d’affaires consolidé. Durant ces 40 ans, nous avons voulu être le plus près possible de nos clients internationaux : en médical, en aérospatial, en automobile… Nous avons ainsi créé peu à peu une vingtaine de filiales des USA à la Chine.

Lorsque DATAPOINT a fait faillite en 1990, nous avons décidé de ne pas basculer notre ERP sous SAP, ce qui était devenu le choix informatique de beaucoup de grands groupes. Nous avons décidé de reprogrammer notre logiciel sous Windows. Nous avons alors dénommé TURING notre nouvel ERP, en hommage à Alan TURING, le créateur de l’expression « intelligence artificielle ». Tous les pays développés ont défini peu à peu leur plan de transformation de leur industrie sous des appellations diverses comme « l’industrie du futur », « smart industry »… Mais c’est l’Allemagne, qui, dans un rapport de février 2011, a le mieux résumé le concept en lançant le terme « industrie 4.0 ».

Ce terme exprime que nous entrons dans la quatrième révolution industrielle, celle du numérique (4.0), après celle de l’électronique (3.0), celle de l’électricité (2.0) et celle de la vapeur (1.0). Seule la France utilise le mot « numérique », les autres pays préfèrent le mot « digital », car il s’agit bien de la digitalisation des informations collectées et de leur traitement informatisé.

- Alain MILARD : Quels sont les défis de votre entreprise pour rester compétitive ?

Le défi pour rester compétitif pour AXON’ est le même qu’en 1981, il faut innover pour continuer à avoir une technique d’avance par rapport aux concurrents. Les pays qui furent à bas salaires le sont de moins en moins. Leurs salaires montent vite et ils automatisent leur production pour rester compétitifs. AXON’ a créé à partir de 1988 son propre service de conception de machines spéciales. Cela limite ou retarde l’arrivée de la concurrence.

Car lorsqu’on sous-traite à l’extérieur la conception d’une nouvelle machine, le sous-traitant va voir ensuite votre concurrent pour lui proposer la même solution. Il faut bien sûr continuer à progresser en numérique. L’IA trouve des applications dans de nombreux domaines. Pour ne pas divulguer des informations confidentielles sur des applications IA ouvertes (Chatgpt…), il nous faut plutôt développer des modules d’IA périphérique (Intelligence Artificielle périphérique : IA qui traite les données localement en protégeant la confidentialité). Et il nous faut noud protéger contre les cyberattaques. AXON’ a par exemple obtenu la certification ISO 27001 (Cybersécurité).

- Alain MILARD : quel rôle l’Etat doit jouer dans la réindustrialisation de la France ? L’ETAT doit définir les grandes orientations pour une indépendance stratégique nationale, comme de Gaulle l’avait fait en aéronautique et nucléaire. Ou pour le moins il faut rechercher une indépendance stratégique grâce à une coopération au niveau européen. Et il est clair qu’il faut aujourd’hui rechercher une indépendance stratégique numérique, dont de Gaulle avait senti l’importance par son « Plan Calcul »

- Alain MILARD : comment voyez-vous l’avenir de l’industrie avec la transition écologique et numérique ?

La transition numérique est en cours avec l’appellation d’industrie 4.0 lancée par l’Allemagne en 2011 La transition écologique doit se poursuivre bien sûr. Mais il faut faire attendre qu’elle ne se fasse aux dépends de la seule industrie française. Par exemple il n’a plus de constructeurs d’éoliennes en France, ce qui fait que le plan éolien français profite à l’industrie allemande.

Il faut que les règles anti-pollution, en agriculture ou en industrie, s’appliquent aussi aux pays voisins et qu’on interdise l’importation en France de produits fabriqués dans des pays n’appliquant pas ces règles.

- Alain MILARD : quels conseils donneriez aux jeunes qui souhaitent se lancer dans la vie active ?

Les métiers de l’industrie sont mieux rémunérés que ceux des Services. Mais ils sont moins connus. Pour recruter, il faut faire connaître nos métiers industriels aux étudiants, aux élèves et à leurs professeurs.

AXON’ organise tous les ans une semaine de « Classes 4.0 en Entreprise » pour les collégiens des classes de 3 ème de 4 collèges des environs de Montmirail. La semaine a un programme très rempli : découvrir et décrire 7 métiers différents, communiquer en anglais avec les filiales AXON’, réaliser un drone en impression 3D… Les élèves sont accompagnés toute la semaine par leurs professeurs, qui eux aussi se familiarisent avec le milieu industriel. Bien des années plus tard, des candidats nous disent qu’ils postulent chez AXON’, car ils y ont fait leur stage de 3 ème . Nous prenons aussi tous les ans une centaine de stagiaires de fin d’études de 3 mois (BTS, IUT...) à 6 mois (élèves-ingénieurs), ainsi que des CDD d’été. Mais en zone rurale, il n’y a pas de logements à louer. Nous avons donc équipé une cinquantaine de chambres pour loger ces jeunes gens durant leurs stages.

Si le stage se passe bien, nous leur faisons une proposition d’embauche. Et le stagiaire a aussi pu découvrir que la vie dans une petite ville à la campagne est très agréable et qu’il peut quand se rendre en voiture dans une grande ville proche, quand il en a envie. Nous faisons régulièrement des portes ouvertes pour nos salariés et leurs familles, que nous appelons « Fenêtres ouvertes », pour montrer que les concurrents ne sont pas invités.

AXON’ a tous les ans un grand stand à la FOIRE de Châlons, qui nous permet de présenter nos métiers aux visiteurs et donc à recruter. Bref si l’industrie est mieux connue, elle attire les jeunes.

Entretien réalisé en juillet 2025.

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